mardi 8 février 2011

Les jouets sont verts à Nuremberg


Je reviens du salon du Jouet à Nuremberg, salon professionnel international. Dès l’entrée, les visiteurs sont accueillis par un panneau annonçant la couleur : TOYS GO GREEN.
Une sélection de jouets « verts » est présentée dans un espace aménagé en bois et en carton. Une brochure, en allemand ou en anglais, présente une étude marketing qui a été menée en Allemagne en novembre 2010 auprès de 450 consommateurs et 150 marchands de jouets. Les questions portaient sur les  jouets durables (sustainable toys).
La première question,  what do consumers associate with sustainable toys ?,  proposait 7 items à associer à ce concept de jouet durable, que les personnes interrogées devaient classer, par ordre d’importance, avec une note de 1 à 5.
Le premier est le matériau utilisé dans la fabrication du jouet (4,5/5)
Puis le respect de l’environnement dans la production; l’emballage recyclable (En France, je ne crois pas que ce point arriverait en 3ème position, nous sommes friands de jolis emballages, beaux papiers brillants, beaux cartons glacés); les conditions de travail équitable; les certificats et logos attestant de la qualité des produits; le développement durable comme thème de jeu;  le pays d’origine.
A la deuxième question, what is important when buying toys ? , la première place va à la qualité du produit. (4,6/5  pour les consommateurs, 4,72/5 pour les détaillants) et aussitôt après le jeu qu’il propose (4,51/5 pour les consommateurs, 4,11/5 pour les détaillants). Viennent ensuite le développement durable, les certificats, le prix (curieusement beaucoup plus significatif pour les détaillants -4,20/5- que pour les consommateurs -3,5/5) et enfin la marque (là encore plus importante aux yeux du revendeur qu'à ceux du consommateur).
Où acheter des jouets « durables » ? Les consommateurs répondent à 61% en magasin spécialisé, contre 15% seulement sur Internet, parce qu’ils peuvent consulter un expert dans le magasin.
Il y a en effet actuellement très peu de sites marchands qui prodiguent des conseils en ligne, c’est un service  que je voudrais développer pour ma part, et c’est un peu l’objet de ce blog. Soit urgence de la commande, soit timidité, soit a priori (ça  ne se fait pas) la plupart des clients, sur Internet, vont droit au but, et la plupart des sites les poussent à mettre tout de suite le produit dans leur panier sans poser de question… Dommage, car les échanges entre consommateurs sont souvent fructueux, et les remarques sur les produits peuvent faire progresser aussi les fabricants.
Cependant je redoutais, aux débuts du site AETRE, l’anonymat et l’absence de communication avec les visiteurs, et j’ai été très agréablement surprise. Presque toujours un petit mot à réception du colis, ou une photo. Vous n’imaginez pas comme cela me fait plaisir ! Ecrivez-moi encore et encore !

Les matériaux ? Bois (mais pas n’importe lequel), coton « organic » (non traité), carton, mais aussi maïs et plastique à partir de produits recyclés.  
Mon éléphant est vert
Je n’avais jamais pensé à communiquer sur la gamme « doudous de Cilou » chez AETRE (le lapin, la poule et l’éléphant noir) ainsi que sur le tapis pour bébé nomade en mettant en avant les valeurs VERTES.  Pourtant ils sont en polaire, le tissu qui recycle les bouteilles en plastique. Tels M. Jourdain, nous faisions du vert sans le savoir, chez AETRE.
Les produits Green Toys, dînettes ou véhicules, sont en plastique fabriqué à partir de bricks de jus de fruit.  De couleurs douces et mates, on les trouve encore peu en France, (bientôt sur http://www.smallable.com). Il faut quand même se poser la question du transport : un container qui vient de Californie, ça se calcule comment en économie d’énergie ?



Ce qui nous mène tout droit sur le respect de l’environnement. Et là, il y a un problème avec certains des jeux qui sont mis en avant dans l’espace Toys go green : ceux qui intègrent de mini panneaux « solaires », et s’animent grâce à eux.  On supprime les piles électriques qui ne sont pas biodégradables, et les métaux toxiques qu’elles contiennent, on les remplace joyeusement par ces capteurs, mais sont-ils biodégradables ces capteurs-là ? Qu’est-ce qu’il y a dedans ? Quelle durée de vie ça a ?  Il nous faudrait très vite un peu plus d’information…
J’ai vu aussi dans cet espace deux beaux camions poubelles en plastique rutilant, choisis parce qu’ils initient les enfants au tri sélectif, imitant très bien les vrais camions avec leurs bacs vert, jaune, bleu. Education au respect de l’environnement, mais si on commençait par le plastique-même ?

Enfin il y a les rois de la récup, ceux qui vendent des bidules pour fabriquer des jouets avec n’importe quels matériaux de récupération! Notamment MAKEDO.  Franchement sympa, l’idée, c'est comme une pince qui permet de fixer des trucs avec des machins pour créer des personnages, des engins, des animaux imaginaires. Prétexte à de joyeuses créations, mais l’essentiel est dans l’invention du « récupérateur ». Qui sait, le Makedo sera peut-être la pince à linge de demain… L’inventeur surfe sur la vague écolo !

Cette présentation,  et la visite du Salon de stand en stand, où certains se sont mis au « vert » pour ces 6 jours,  laissent une impression ambiguë et pas très agréable. Si on adhère, bien sûr, aux valeurs écologiques, si on ne peut baigner dans les jouets sans se préoccuper de l’état de la planète qui sera laissée à nos enfants, on a tout de même surtout le sentiment d’être manipulés par les services de communication, les marketeurs, et surtout d’être impuissants.
Exemple : deux stands qui communiquent sur la pureté de leurs textiles qui ont passé brillamment tous les tests. L’un est le fournisseur de bouillottes de AETRE, en coton, remplies de graines de seigle et d’épeautre. Une partie de la gamme est en coton non traité « organic », mais celle-ci est pour le moment réservée au marché allemand, "pour les autres pays ce serait trop cher" (sic). Dans l’enquête Toys go green, on voit que les consommateurs ne tiennent pas le coût comme très important et sont prêts à payer 10% plus cher pour avoir des  jouets verts, mais cela ne semble concerner que les consommateurs allemands. L’autre est un nouveau fabricant français de produits de puériculture. Pour se positionner sur le marché des doudous, il attaque avec une gamme bio de chez bio. Jolis petits animaux en coton, dans un camaïeu de beiges. Mais l’essentiel de sa collection, charmante, est fabriqué en Chine avec les mêmes cotons et surtout les mêmes colorants sans lesquels, explique-t-il, on ne pourrait obtenir de joyeux roses, jaunes et verts (verts !)
On communique sur le Bio, on vend le reste.

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