mercredi 26 mars 2014

Sécurité des jouets : SOLIDARITÉ entre petits fabricants



Ce n’est pas parce que l’on n’a pas de quoi se payer le CE que l’on fabrique des jouets non conformes 

Le coût des tests de sécurité des jouets oblige un créateur de jouets en bois à déclarer forfait, qui l’annonce sur son site :
Après 27 ans de fabrication artisanale de jouets et jeux en bois, "Il était en bois" tire sa révérence.
Suite à un contrôle de la Direction Départementale de la Protection des Populations, il me faut mettre mes fabrications en conformité avec la règlementation. Les coûts induits par ce processus (tests en laboratoires, étiquetages multiples, ...) ne me permettent pas de poursuivre mon activité. Fin
Sur ce blog-ci, à propos des normes de sécurité des jouets, il y a quelques jours, Dominique Amey nous écrivait :
Tous les artisans du jouets sont soumis à la norme du jouet qui évolue constamment et devient de plus en plus drastique. Légalement, nous devons faire tester tous nos jouets avant de les commercialiser dans un laboratoire afin de vérifier leur conformité avec la norme du jouet. Cela a un coût relativement élevé et qui ne peut s'amortir que si l'on fait des grandes séries. Or, par définition, un artisan du jouet ne fait que des pièces uniques, voire des petites séries. Alors nous fabriquons tous nos jouets en "bon père de famille" responsable, mais dans l'illégalité vis-à-vis de la réglementation européenne puisque nous n'avons pas les moyens de faire les tests en laboratoire.
Il se bat avec l’énergie du désespoir, on pouvait l'entendre sur France Inter dans le 5/7 du 26 mars. 

                                           


Si d'aventure tu voulais créer des jouets…
Pour lui, c’est peut-être la fin d’une histoire de presque 30 ans. Pour d’autres, ce sera une aventure avortée, à peine entreprise qu’il faudra arrêter faute de pouvoir payer les tests, parce qu’il ne suffit pas d’être créatif, de convaincre des financeurs pour fabriquer, de se faire connaître face à de gros, très gros réseaux de vente. Ni de veiller, autant que faire se peut, à la sécurité des joueurs.

Non aux jouets dangereux, mais…
La DDPP (Direction Départementale de la Protection des Populations) remplace la DGCCRF (Répression des Fraudes), c’est déjà un progrès sémantique : les fabricants ne sont plus à priori des fraudeurs… Ses agents s’assurent de la conformité des jouets, et c’est tant mieux.

De temps en temps on voit des annonces de retrait de jouets du marché, certaines sont amplement justifiées :

Présence de composants présentant un risque pour la santé et échauffement anormal des piles, pouvant entraîner un risque de brûlure. 
Le rembourrage peut être accessible et entraîner un risque d’ingestion conduisant à un danger d’étouffement.
Accessibilité au dispositif sonore - risque de court-circuit

D’autres paraissent excessives :
Le bouton situé à l’avant du pyjama peut se détacher et présenter un risque d'inhalation ou d'ingestion par les jeunes enfants.
Les mêmes enfants peuvent porter des vêtements avec des boutons susceptibles de se découdre au premier lavage…
Si la poupée portait le logo « ne convient pas à un enfant de moins de 3 ans », pourrait-on la remettre sur le marché ?
Certaines parties des véhicules sont susceptibles de se briser lors d'une chute du jouet, libérant ainsi des petites pièces et entraînant un risque d'inhalation ou d'ingestion par les jeunes enfants. 
Faut-il retirer des mains des enfants tout objet susceptible de se casser en petits morceaux  en tombant ?

Le fabricant, le commerçant, sont peut-être des coquins, mais très probablement plutôt des gens de bon sens et de bonne foi. 

C’est complexe, et pour la DDPP et pour les fabricants. Alors la seule solution, c’est de consulter un laboratoire agréé, qui se prononcera sur la conformité du jouet. Mais  c‘est CHER ! Et encore plus si on fabrique en France, car le coût de travail du laborantin qui analyse le jouet n’est pas le même en France ou en Asie.

S'unir pour des tests moins chers
Pour obtenir des coûts de transport plus avantageux, les petites entreprises peuvent s’unir pour devenir ensemble un gros client qui obtient des remises. C’est le cas par exemple de Envoi Moins Cher, qui vous met en relation avec des transporteurs qui vous proposent alors des prix négociés, moins chers.
Faisons la même chose auprès des laboratoires ! Unissons-nous ! Et mettons-nous en quête d’un laboratoire qui jouera le jeu !
Créons Tests-jouets-moins-chers !



S'unir pour des matériaux de fabrication conformes
Dominique Amey, au passage, explique qu’il est de plus en plus difficile de trouver des matériaux de fabrication français conformes aux normes, la colle par exemple. Quand bien même on trouve une colle conforme aux normes, et un fournisseur qui accepte de délivrer une copie des résultats de laboratoire qui en attesterait, le fabricant va cependant devoir soumettre à nouveau son jouet aux tests des normes chimiques, à la recherche des molécules dangereuses.
Il faudrait donc que les petits créateurs s’associent et mutualisent leurs efforts pour trouver des fournisseurs soucieux des normes et de la qualité de leurs produits, soucieux de partager leur savoir-faire, et intéressés par cette mine de fabricants regroupés pour être à eux tous comme un seul gros client. 
Il faudrait aussi que le test fait en amont, garantissant la conformité aux normes EN71-3 du tissu, de la colle, du papier, du verni, des rubans, etc, soit accepté lors de l’analyse du jouet en aval, sans qu’il y ait à repasser une fois encore en laboratoire. 

Alors place à la création, à la fabrication de proximité, aux petites productions respectueuses de l’enfant et de l’environnement. 

Liens utiles :
Rapide histoire du jouet et visite de l'atelier Il était bois
Pour qui veut essayer d'éviter le labo, le site et les conseils de Nicolas Langlois