vendredi 15 août 2014

Jeux érotiques 1) les sextoys


Les sextoys sont-ils des jouets ?

D’abord instruments médicaux pour soulager les patientes souffrant d’hystérie, bien féminine (hystérie-uterus), les vibromasseurs et autres godemichets ont-ils changé d’objet en changeant de nom ? Parce que, mis à part le charmant petit canard vibrant, les autres ne ressemblent pas vraiment à des jouets ! Maintenant ludiques avant tout, ils sont devenus plus accessibles. On en trouve même dans la hotte du Père Noël. Eh quoi ? C’est un jouet !



Petite histoire du vibromasseur
Dans le Elle Québec du 12 avril 2011, Carmen Jean, s’appuyant sur le livre de Rachel P. Maines Technologies de l'orgasme, relate les dates marquantes en Amérique du Nord.
"1869 Un médecin américain fait breveter des «machines de massage» qui fonctionnent à l'aide d'un moteur à vapeur. 1880 Le premier vibromasseur électromécanique à usage médical est breveté et mis sur le marché à peu près à la même époque que le téléphone et l'ampoule électrique. Le prétexte thérapeutique? «Soulager les muscles endoloris.» 1900 Pour les médecins qui désirent se débarrasser de la tâche «ingrate» de soulager manuellement leurs patientes, les modèles de vibromasseurs se multiplient sur le marché médical. On trouve de tout, des produits bas de gamme actionnés avec une pédale jusqu'à d'élégants prototypes de luxe, livrés avec leurs accessoires. 
1915 Plus besoin de prescription! Aux États-Unis, les ménagères peuvent désormais acquérir elles-mêmes un «petit appareil électroménager à usage personnel». «Grâce à lui, vous sentirez palpiter en vous tous les plaisirs de la jeunesse», promettent les réclames dans les magazines féminins. 1918 «Des outils que toute femme apprécie», dit un slogan de Sears, Roebuck and Company, qui présente sous ce titre accrocheur une machine à coudre, un mixeur et... un vibrateur. L'attirail de la reine du foyer serait incomplet sans lui !  1960-1970 Le mouvement des femmes et la libération sexuelle aidant, le vibromasseur apparaît sous toutes les formes, toutes les couleurs, toutes les tailles et toutes les textures."
«  Cette fois-ci, personne n'est dupe: un vibrateur, c'est fait pour jouir, et les femmes n'ont plus de complexes à s'en servir. Mine de rien, une révolution a eu lieu... » commente Carmen Jean. Pour jouir, ou pour jouer ?
Jouir – jouer
Une petite lettre suffit à rendre innocent, voire charmant, l’usage de ces outils de plaisir. Le jouet, c’est l’enfance, la pureté, le jeu, ce n’est pas sérieux, c’est pour rire, c’est sans conséquence.
Duckie, le petit canard innocent
En 2001, Big Teaze Toys lance son concept Toys that play with you® avec Duckie. « When this lucky Duckie burst onto the scene, he didn’t just charm your pants off with an innocent flash of his sweet gaze and snuggly Duckie body - OHHHhh no, he also started a long-awaited revolution in waterproof, personal massagers. Always the strong, silent type, he invites you to merely press on his back and the quiet motor will send delectably intense vibrations into his head and tail that immediately begin to melt away the stresses and tensions of your day. »

"Le but était à la fois d'améliorer et d'atténuer la perception ressentie face aux produits destinés au plaisir des adultes." C'est réussi. 
En France, Sonia Rykiel vend son canard dans les sous-sols de ses boutiques, et en 2005 le voilà sans vergogne en rayon chez Sephora, entre les sels de bain et les tubes de mascara.
Il suffit d’un petit canard pour accomplir ce glissement (haha) du « pas très catholique », « limite porno », pas franchement avouable, du truc qu’on fait en cachette, au « fun », qu’on se raconte entre copines, qu’on explique sans complexes sur les sites féminins et qu’on vend sur internet.

La vente de jouets d’adultes va bientôt rattraper sur le marché la vente de l’ensemble des jouets des enfants.
La vente de Sextoys en France progresse de plus de 50% entre 2010 et 2013 (Price Minister, février 2014), et le chiffre d’affaires annuel est de 22 milliards d’euros (Planetoscope), contre 36 milliards pour l’ensemble des jouets des enfants, et 70 milliards pour les jeux vidéo.
Deux, trois autres animaux mignons,  et vibrants, lapin, pingouin, chenille, ont fait leur apparition, mais la plupart des sextoys restent des objets moins poétiques, même si les fabricants font de plus en plus appel à de célèbres designers, comme en témoigne la sélection de Elle.fr. Ça ne ressemble pas à un jouet, et on ne joue pas vraiment avec (à moins de vivre chaque instant de la vie comme un jeu). On assimile plaisir et jouer, et hop ! On lève les interdits, on contourne les tabous. C’est plutôt là le jeu…




Comment on joue ?
Le petit canard, on s'en sert comment ? Certains sites plutôt reconnus, comme Femme actuelle ou Cosmopolitan, ouvrent leurs pages aux conseils et modes d'emploi. Les présentatrices ne vont pas jusqu'à faire des démos mais presque. Mais (suis-je un peu vieux jeu ?) je ne vois pas bien le jeu…
Au royaume de l’hypocrisie… 
Le petit canard a permis de parler plus ouvertement du plaisir, notamment du plaisir féminin, tant mieux. Curieusement, certaines journalistes, certains forums, ont tendance à ériger des règles (c’est normal pour un jeu) qui maintiennent l’usage de ces jouets dans les limites d’une certaine moralité, préconisant les jeux avec ces sextoys en couple, pour raviver les sentiments en même temps que les sensations des partenaires. Je n’approuve pas l’idéologie sous-jacente, le tabou des plaisirs solitaires, mais puisque nous parlons de jouer, j’aime bien cette idée : le jeu, ça se partage. 

D'ailleurs, c'est mon petit 2 : les jeux sexuels. (à suivre)

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